La BEI mobilise 63 millions d’euros pour le secteur privé africain

© Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA Le Belge Werner Hoyer, président de la Banque européenne d’investissement.

En marge de la Journée de l’Afrique organisée à Dakar, la Banque européenne d’investissement a annoncé 63 millions d’euros de nouveaux financements pour soutenir l’essor des entreprises africaines, notamment via le microcrédit.

 

« Nous renforçons visiblement et ostensiblement notre activité en Afrique. » C’est avec ces mots que Werner Hoyer, le président de la Banque européenne d’investissement (BEI), a commenté la présentation des nouveaux engagements de son institution sur le continent.

Depuis la capitale sénégalaise, où la BEI a co-organisé avec ONU-Habitat le jeudi 27 février la Journée de l’Afrique (Africa Days), la banque publique des 27 États membres de l’Union européenne (UE), a signé trois nouveaux partenariats en faveur du secteur privé pour un montant de 63 millions d’euros.

En renforçant les entreprises africaines en milieu urbain comme rural, les investissements européens veulent accélérer la création d’emplois.

« Pour réussir le pari du dividende démographique, il nous faut absolument relever le défi de l’emploi des jeunes », a souligné le président sénégalais, Macky Sall, en ouverture de la Journée de l’Afrique consacrée à la ville durable.

Soutenir entrepreneuriat féminin et la microfinance

L’annonce de ces engagements intervient dans un contexte de renforcement des relations Afrique-Europe. L’événement dakarois se tient en même temps que l’ouverture d’un sommet Union africaine (UA) – UE à Addis-Abeba, marquant la deuxième visite en Éthiopie de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, depuis sa prise de fonction début décembre. Et juste après l’entrée de la BEI dans l’Alliance Sahel, officialisée en marge du 6e sommet ordinaire des chefs d’Etat du G5 Sahel à Nouakchott le 25 février.

« Les trois projets reflètent les trois priorités de l’Europe en Afrique, le soutien à entrepreneuriat féminin, le développement de la microfinance notamment en milieu rural et l’appui au secteur privé innovant », a déclaré Ambroise Fayolle, le vice-président de la BEI en charge de l’Afrique subsaharienne.

Sur les 63 millions d’euros mobilisés, 50 sont destinés au fonds d’investissement britannique spécialisé sur l’Afrique, Development Partners International (DPI). Fondé en 2007, il compte plus d’un milliard de dollars d’actifs sous gestion. Il est notamment présent au capital de Biopharm et Général emballage en Algérie, de la Compagnie marocaine de goutte-à-goutte et de pompage (CMGP) au Maroc, de Food Concepts au Nigeria.

« Le capital sera investi dans les trois ans dans une dizaine de sociétés afin d’accélérer leur développement », souligne Miles Morland, le cofondateur de DPI.

Accent sur la microfinance

Le reste de l’enveloppe se partage entre deux investissements. La coopérative belge Alterfin, qui finance du microcrédit en Afrique, Amérique latine et Asie depuis 1994, bénéficie d’un prêt de six millions d’euros, devant se traduire par 41 000 microcrédits d’un montant moyen de 440 euros.

« Sur trois ans, nous allons appuyer les réseaux de microcrédit en milieu rural en Afrique de l’Ouest, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, ainsi qu’en Afrique de l’Est, en Ouganda, au Kenya et en Tanzanie », a précisé Jean-Marc Debricon, le directeur général d’Alterfin (120 millions d’euros de bilan en 2019).

Alors que l’Afrique comptait pour seulement 10 % de son portefeuille en 2015, elle en représente désormais 32 %, une proportion qui doit encore augmenter à l’avenir.

La société de microfinance Baobab Sénégal, deuxième du marché dans le pays, va elle recevoir sept millions d’euros pour octroyer quelque 17 000 prêts à des petites et moyennes entreprises.

Près de la moitié de la somme sera fléchée vers des femmes, la BEI ayant décidé de mettre l’accent sur l’entrepreneuriat féminin à travers son programme She Invest. Lancée en 2005 au Sénégal sous le nom de Microcred, la société est soutenue par la BEI et l’Agence française de développement depuis 2007. Microcred est devenue Baobab en 2017.

« Nous sommes désormais présents dans dix pays africains », a souligné Mamadou Cissé, le directeur général de Baobab Sénégal, qui emploie 700 personnes et compte 400 000 clients dans le pays.

        Source : Jeune Afrique Economie