Coronavirus: l’état du monde face à la pandémie le jeudi 19 mars

REUTERS/Rahel Patrasso Une Brésilienne passe devant un centre commercial fermé à cause de l'épidémie de coronavirus, à Sao Paulo, le 19 mars 2020.

La pandémie de coronavirus continue à mettre la planète en alerte maximale, ayant déjà contaminé près de 210 000 personnes et tué plus de 9 000 dans le monde. En Europe, où elle progresse le plus rapidement, des pays comme la France ou l’Allemagne voient le bilan de nouveaux cas doubler chaque jour. Jeudi 19 mars, l’Italie a officiellement dépassé la Chine en nombre total de décès dus au Covid-19.

 En France, le ministère des Armées a annoncé, mercredi 18 mars, la livraison de cinq millions de masques chirurgicaux de ses stocks stratégiques face à l’urgence sanitaire. « Il y a eu récemment quelques difficultés logistiques », a reconnu la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye. Autre problème : les masques ont une durée d’utilisation trop courte. Un FFP2, par exemple, qui assure une bonne protection, n’est efficace que trois heures.

La France déplore désormais 372 décès (dont 108 supplémentaires en 24 heures) et compte 4 761 malades hospitalisés. Depuis le début de l’épidémie, 10 995 cas ont été confirmés par test. La situation est particulièrement tendue dans la région Grand Est où des travaux préparatoires à l’installation d’un hôpital de campagne à Mulhouse ont débuté jeudi 19 mars, selon les journalistes de l’AFP. Il s’agit d’un hôpital militaire dont la construction avait été annoncée par le président Emmanuel Macron.

Face au laxisme de certains Français quant aux mesures de confinement, les préfectures des régions littorales ont dû sévir : du pourtour méditerranéen à la Bretagne, toutes les plages françaises seront bientôt interdites d’accès. De manière générale, les autorités déplorent un manque de rigueur des Français dans l’observation de ce confinement. Emmanuel Macron évoque même « de la légèreté ». Pour preuve, les forces de l’ordre ont dressé plus de 4 000 procès-verbaux en 36 heures. 100 000 policiers et gendarmes sont déployés sur le terrain pour faire respecter les règles. L’amende infligée pour non-respect du confinement a été augmentée, elle s’élève désormais à 135 euros.

 La Chine renvoie l’ascenseur et vient à la rescousse de la France

Face à la pénurie de masques médicaux en France, la Chine vient d’en livrer un million à la France, mercredi 19 mars. Une manière de renvoyer l’ascenseur, car Paris avait envoyé 17 tonnes de matériel médical à Wuhan en février, au pic de l’épidémie. Les fabricants européens de ces masques ont pris le relais des sites asiatiques, mais travaillent déjà à flux tendus.

Plus de morts en Italie qu’en Chine

L’Italie a officiellement dépassé la Chine en nombre de décès dus à la pandémie de coronavirus, jeudi 19 mars. La Protection civile italienne a fait état de 427 décès supplémentaires au cours des 24 dernières heures, portant le bilan national à 3 405 depuis le 21 février. En Chine, le coronavirus a fait 3 245 morts. Le nombre total de cas dénombrés en Italie, qui a prolongé ses mesures de confinement, est passé en 24 heures de 35 713 à 41 035. Cette hausse de 14,9% est supérieure à celle des trois derniers jours, selon la Protection civile.

Hausse du nombre de morts en Espagne

En Espagne, le nombre de morts a progressé de près de 30% en 24 heures. Le Covid-19 a fait 767 morts dans le pays contre 598 mercredi et le nombre de cas détectés dépasse les 17 000, selon les statistiques publiées ce jeudi par le ministère de la Santé.

À ce jour, 1 107 malades ont été déclarés guéris, selon le ministère. Le nombre de cas a progressé de 25 % depuis mercredi et s’établit à 17 147, mais il pourrait augmenter considérablement au fur et à mesure que les tests sont pratiqués.

L’Espagne est à ce jour le quatrième pays le plus touché dans le monde par le coronavirus et le deuxième en Europe derrière l’Italie.

« Les jours les plus durs arrivent […] Nous allons continuer à voir une augmentation des cas et cela sera le cas jusqu’à ce que nous nous approchions du pic de la courbe », a prévenu le ministre de la Santé, Salvador Illa.

Irrespectueux des mesures, les Allemands menacés de confinement

Avec officiellement 10 999 cas répertoriés jeudi 19 mars pour 20 morts, dont 2 801 nouveaux cas rapportés dans les dernières 24 heures, l’Allemagne a une nouvelle fois menacé, la veille, d’adopter des mesures très contraignantes, sans toutefois utiliser le mot « confinement ». Car beaucoup d’Allemands se refusent à réduire les contacts sociaux et continuent à se rassembler en plein air ou à investir les terrasses de cafés,rapporte notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut.

La ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a annoncé, jeudi 19 mars, que Berlin va mobiliser des réservistes de l’armée pour lutter contre l’épidémie, dont 2 300 réservistes de l’armée et 900 « réservistes sanitaires » qui se sont déjà manifestés après un premier appel. L’Allemagne compte quelque 75 000 réservistes, mais d’autres appels auront lieu, a prévenu la ministre.

La première économie européenne pourrait subir une récession économique supérieure à celle de 2009. Berlin a annoncé un paquet de 40 milliards pour les travailleurs indépendants et petites entreprises, après des annonces en faveur des entreprises traditionnelles.

L’agro-alimentaire face à des perturbations sévères 

Le secteur de l’agro-alimentaire européen a déploré, ce jeudi, des « perturbations sévères » dans l’acheminement des marchandises, liées notamment aux contrôles sanitaires pratiqués par certains pays aux frontières intérieures de l’UE pour tenter d’endiguer la pandémie de nouveau coronavirus.

« Nos membres font part de difficultés croissantes dans leurs activités », notent dans un communiqué commun FoodDrinkEurope, l’association européenne des industries d’alimentation et de boissons, le Copa-Cogeca, principal syndicat agricole dans l’UE, et CELCAA, l’association européenne regroupant les négociants du secteur agro-alimentaire. « Des retards et perturbations ont été observés aux frontières pour la livraison de certains produits agricoles et transformés, ainsi que pour des matériaux d’emballage », notent les signataires.

Les trois organisations font également part de leur inquiétude sur la libre circulation des travailleurs du secteur ainsi que de possibles pénuries de personnel en lien avec les mesures de confinement.

« Notre capacité à fournir de la nourriture à tous va dépendre de la préservation du marché unique européen », soulignent-ils. Ils appellent la Commission à s’assurer de la fluidité de la circulation des marchandises, mais aussi à « travailler avec les États membres pour surveiller la potentielle pénurie de travailleurs, y compris de travailleurs saisonniers, et les répercussions sur la production et à préparer des plans d’urgence ».

Consciente des difficultés de circulation liées à la mise en place par certains États membres de contrôles à leurs frontières, la Commission européenne a publié des recommandations à leur attention, préconisant notamment de prévoir des voies prioritaires pour le transport de marchandises.

L’Australie et la Nouvelle-Zélande se ferment aux étrangers

Alors que l’Australie avait demandé, mercredi 18 mars, à ses citoyens de ne plus sortir du pays, le Premier ministre Scott Morrison a indiqué, jeudi, que plus aucun étranger non-résident ne serait admis sur l’île-continent à partir de vendredi 20 au soir. Même son de cloche, au même moment, en Nouvelle-Zélande : la Première ministre Jacinda Ardnern a interdit « les touristes ou ceux qui ne viennent que pour un temps, comme les étudiants ou travailleurs temporaires d’entrer en Nouvelle-Zélande » à partir de ce jeudi soir.

L’Australie compte pour le moment 642 cas de coronavirus, contre 28 en Nouvelle-Zélande, les deux pays indiquant que « l’écrasante majorité des cas sont des infections importées ». Aucun des deux n’a imposé la fermeture des écoles ou un confinement.

Hong Kong face à une deuxième vague venant d’Europe

À Hong Kong, une deuxième vague de contaminations est arrivée non plus de Chine, comme la première, mais d’Europe, du Royaume-Uni et des États-Unis. Le gouvernement a renforcé les mesures pour tous les nouveaux arrivants, qui doivent porter un bracelet électronique contrôlant le respect du périmètre de quarantaine depuis jeudi 19 mars,rapporte notre correspondante dans le territoire,Florence de Changy.

Hong Kong s’attend à des dizaines de milliers de retours de ses résidents dans les semaines qui viennent car, en dépit de sa proximité avec la Chine et de sa très forte densité démographique, le territoire spécial de Chine n’a que quatre morts dû au coronavirus. Mais la quasi-totalité de tous les nouveaux cas de personnes contaminées sont des cas de importés.

Les Indiens interdits de retour au pays

En Inde, le Premier ministre Narendra Modi a appelé, ce jeudi, à un couvre-feu national pendant la journée de dimanche 22 mars, « de 7 heures à 21 heures » locales, à titre d’« expérience ». Le pays de 1,3 milliard d’habitants est relativement épargné par l’épidémie, avec 173 cas confirmés et quatre morts, officiellement. Mais les experts soupçonnent que le nombre de malades est largement sous-estimé en raison de la faible quantité de tests réalisés. Écoles, monuments et lieux de divertissements sont fermés dans de larges parties du pays.

Depuis mercredi 18 mars, le pays est presque coupé du reste du monde : il est impossible aux étrangers non diplomates d’entrer dans le pays, et les Indiens qui résident en Europe sont également interdits d’accès. La diplomatie indienne assure, d’ailleurs, négocier l’extension des visas des Indiens bloqués dans leurs pays d’accueil, rapporte notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis.

Fermeture des frontières terrestres au Brésil 

Le Brésil a fermé, ce jeudi, toutes ses frontières terrestres pour une durée de quinze jours, à l’exception de celle avec l’Uruguay, afin de tenter d’endiguer l’expansion du coronavirus.

D’autres pays sud-américains comme la Colombie, le Chili ou l’Argentine ont pris, ces derniers jours, des mesures plus drastiques, fermant totalement leurs frontières terrestres, maritimes et aériennes. De nombreux hauts responsables brésiliens, comme le président de la Chambre des députés, Rodrigo Maia, avaient réclamé une fermeture totale des frontières.

Le décret ministériel, entré en vigueur dès sa publication, interdit l’entrée « par voie terrestre d’étrangers originaires d’Argentine, Bolivie, Colombie, Guyane française, Guyana, Paraguay, Pérou et Surinam ». Le texte précise qu’un décret séparé devrait être pris ultérieurement en ce qui concerne la frontière avec l’Uruguay.

Ces restrictions ne concernent pas les ressortissants brésiliens, ni les étrangers résidant dans le pays en situation régulière. Les camions transportant des marchandises et les personnes chargées de missions humanitaires sont également autorisés à entrer au Brésil. Le plus grand pays d’Amérique latine, peuplé de plus de 210 millions d’habitants, dénombre 428 cas de Covid-19 et quatre décès.

 

      Source : rfi