Par trois fois la commission parlementaire en charge des mines a tenté d’obtenir des explications de Robert Mugabe au sujet des 15 milliards de dollars de revenus qui auraient disparu. Et à chaque fois l’ex-chef de l’État a ignoré la convocation.
Lundi, le responsable de la commission a annoncé, après consultation avec le président du Parlement, que Robert Mugabe n’aurait pas à venir témoigner. Sans donner plus d’explication.
Pour l’analyste politique Ricky Mukonza, ce n’est pas une surprise. Certains hauts responsables du parti au pouvoir n’ont aucun intérêt à ce que Mugabe parle.
« Il y a beaucoup d’opacité autour de ces revenus miniers. On sait juste que l’armée était censée contrôler ce secteur et les noms de plusieurs ministres ont été évoqués. Aussi bien, ceux à la tête de l’État aujourd’hui sont impliqués. Et si Mugabe devait parler, il pourrait en profiter pour dire des choses qui pourraient être compromettantes pour ceux au pouvoir. »
Ricky Mukonza ajoute que ce revirement n’est pas de bon augure. Le gouvernement du président Emmerson Mnangagwa a suscité beaucoup d’espoir de changements. Mais selon lui, cette décision montre que le nouveau régime n’est pas prêt à rompre avec le passé.
« Les membres du gouvernement parlent de transparence et de responsabilité, mais ils ne sont pas prêts à en payer le prix. Cette affaire était une vraie opportunité pour le nouveau gouvernement de montrer aux Zimbabwéens et à la communauté internationale qu’il était prêt à changer et à diriger avec plus de transparence. Mais cette opportunité a été clairement ratée. C’est pour cela que je ne considère pas ce régime comme un nouveau gouvernement. »
Avec rfi