Cameroun : un travailleur humanitaire tué dans l’ouest anglophone (MSF)

Un agent de santé communautaire qui collaborait avec Médecins sans frontières a été retrouvé mort en fin de semaine dernière, assassiné dans la région du Sud-Ouest anglophone. L’un des groupes séparatistes qui y combattent les forces gouvernementales a d’abord revendiqué le meurtre, avant un démenti de la branche politique du mouvement indépendantiste en exil.

 “Nous sommes choqués et profondément attristés par la nouvelle du meurtre d’un agent de santé communautaire que notre organisation soutenait dans la région du Sud-Ouest du Cameroun”, écrit MSF sur son site internet.

Il “a été enlevé jeudi matin par des hommes armés à Banga Bakundu”, a précisé dimanche à l’AFP José Mas Campos, coordinateur MSF des urgences dans la région du Sud-Ouest.

Nous avons ensuite été informés de son meurtre par une déclaration officielle de séparatistes”, a-t-il ajouté.

Le travailleur humanitaire “a été assassiné jeudi soir par des combattants séparatistes qui l’accusaient d‘être un espion à la solde du gouvernement camerounais”, a affirmé à l’AFP un haut responsable d’une autre organisation humanitaire internationale présente dans la zone, sous couvert d’anonymat.

“Des sources nous indiquent que ce meurtre a été perpétré par le leader d’un groupe armé dépendant du gouvernement intérimaire de l’Ambazonie”, affirme cette source.

Jeudi, cette organisation séparatiste, présidée par Samuel Sako, publiait un communiqué annonçant “l’assassinat” de ce travailleur humanitaire “par des hommes armés encore non identifiés”.

Elle “condamnait” ce meurtre et assurait avoir “lancé une enquête pour en savoir plus sur les circonstances de sa mort”.

Depuis trois ans, l’armée camerounaise et des groupes armés séparatistes s’affrontent dans les deux régions anglophones du Cameroun, prenant en tenaille les populations.

Les organisations sont la cible d’attaques

Les organisations qui viennent en aide aux civils sur place sont régulièrement la cible d’attaques de séparatistes mais aussi d’intimidations répétées du pouvoir, chacun accusant les ONG de travailler pour l’autre camps.

Ces dernières semaines la situation s’est envenimée alors que l’Etat camerounais et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont lancé un vaste programme de reconstruction dans la zone.

Les séparatistes y voient une prise de position des organisations internationales en faveur du gouvernement camerounais dans ce conflit.

Le groupe séparatiste de M. Sako a récemment menacé publiquement les organisations participant au programme du gouvernement, leur interdisant l’accès aux deux régions anglophones.

MSF, tout comme les ONG internationales et locales travaillant sous la coordination du bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) ne participent pas à ce programme de Reconstruction.

Nous condamnons le meurtre d’un travailleur humanitaire et demandons que les humanitaires ne soient pas pris pour cible”, a réagi auprès de l’AFP James Nunan, responsable de OCHA pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.

 

      Source : africanews